L’alimentation dans un système

L’alimentation dans un système

Chapo
On ne peut isoler nos pratiques alimentaires du système alimentaire dans lequel on est inséré.
Corps

Voici deux questions que nous avons abordé dans nos réflexions, qui dessinent des choix de société en termes d’offre alimentaire pour la population, et contre lesquelles nous nous indignons !

Le système agricole tel qu’il est aujourd’hui

Nous avons tenté de comprendre l'évolution du système agricole, au sortir de la deuxième guerre mondiale.

systèmeCette période de "modernisation" correspond à une conception de l'agriculture où l'essentiel est de produire, dans la perspective de « nourrir tout le monde ».
L'homme et l'environnement ne sont que des "facteurs de production". Mais cette conception de l'agriculture se heurte aux enjeux environnementaux, sociaux et sanitaires.
On peut citer, pêle-mêle, la question de l'épuisement des ressources (où l'on consomme plus de ressources biologiques que ce que la terre peut regérérer), la disparition des espèces, l’utilisation massive de pesticides et ses conséquences sur la biodiversité mais aussi sur la santé, la productivité au détriment de la qualité, la place prise par les firmes agro-alimentaires, la mécanisation toujours plus importante au détriment des paysans et d’un revenu du travail décent….

Du coté des consommateurs, l'insertion dans le système dépend des revenus dont on dispose. Voici la représentation que nous en avons faite
Il en découle un fort sentiment d’injustice. Pourquoi ne pas pouvoir aller vers des produits de qualité, mais aussi pouvoir choisir les circuits d’achat ?

 

noteNous avons également pris conscience que les modes de production, « la façon dont on produit », joue sur la qualité de la nourriture qui arrive au supermarché ou chez le commerçant. Cela passe par une rémunération suffisante des producteurs  - qui leur permette de produire des produits de qualité tout en respectant la nature. Nous nous sommes indignés de voir que le prix aujourd’hui a peu à voir avec la rémunération du travail paysan1.

Pour nous, cela fait aussi partie de la dignité alimentaire.

"Il ne suffit pas que l’on ait des produits de qualité accessibles à nos bourses, il faut aussi que le producteur puisse avoir un revenu suffisant en produisant des produits de qualité, en travaillant la terre de manière à la protéger. Cette question touche à la dignité, une dignité plus large que la dignité de chacun.
Une alimentation digne c’est aussi une alimentation  qui paye bien les producteurs."

 

Le scandale de l’aide alimentaire

Raconter le scandale de l’aide alimentaire, c'est déjà lutter contre l'idée reçue que « toute aide serait une bonne chose ».

Il y a une méconnaissance du système par les personnes, autant les bénéficiaires de l’aide que les bénévoles d’associations. La compréhension du fonctionnement des circuits d’aide alimentaire a soulevé des questions éthiques : une part de l'aide alimentaire vient des surplus des supermarchés : on donne à l’aide alimentaire ce que les gens ne veulent pas acheter (« ce que les autres ne veulent pas »), et les supermarchés sont défiscalisés pour cela. Au fond, c’est une « filière d’écoulement » de la surproduction (et donc cela n’aide pas à limiter cette surproduction !).

A l'autre bout de la chaine, pour les bénéficiaires de l’aide alimentaire, il y a, ici encore, un situation de « non-choix » : pas de possibilité de choisir les produits, produits qui ne sont pas toujours adaptés aux personnes, dates de péremption rapprochées, …. ) et des contraintes fortes (papiers à fournir).

Nous pensons que les mécanismes de l’aide alimentaire sont déjà bien documentés, mais pas assez connus. L'aide alimentaire est un système à bout de souffle, violent pour ceux qui le subissent comme pour ceux qui le mettent en place2 auquel nous ne devons pas nous habituer !

 

 

 

1  Schéma tiré de la Bande dessinée "Encore des patates", pour une Sécurité Sociale de l'Alimentation (realisée par Claire Robert et de l’équipe d’ISF-Agrista)

2  Benedicte Bonzi, dans La france qui a faim, parle d'une "économie morale dans un marché immoral" en valorisant le don exercé par le bénévoles et les donateurs tout en contestant le marché de la faim et de la lutte contre la gaspillage alimentaire que représente aujourd'hui l'aide alimentaire.